25 septembre 2009 - Fête de la Communauté française 2009 - Discours de la Présidente à l'occasion des 20 ans de la COCOF
Discours de Julie de Groote, Présidente du Parlement francophone bruxellois à l’occasion de la fête de la Communauté française Wallonie-Bruxelles et des 20 ans de la Commission communautaire française
Bruxelles, le 25 septembre 2009
Merci d’être présents ce soir pour fêter avec nous les 20 ans de la Commission communautaire française.
En préparant ce discours, je me suis dit qu’il fallait que je disserte sur le thème très classique des 20 ans. Alors je me suis posée la question : 20 ans pour la Cocof, c’est quoi ? Est-ce la maturité, la sortie de l’adolescence, l’audace de la jeunesse alliée au sens des responsabilités, l’entrée dans l’âge adulte ? 20 ans, l’âge de l’insouciance … ça je n’oserais pas le dire à la Cocof ! 20 ans, si je m’en souviens bien, c’est un âge de choix, des choix souvent déterminants pour l’avenir et cela nous qualifie assez bien.
Alors peu importe les adjectifs et les qualificatifs.
Ce qui importe, c’est que nous soyons là aujourd’hui, que l’espace francophone bruxellois existe alors même que peu lui prédisaient longue vie il y a 20 ans et qu’il a montré tout au long de ces 20 ans qu’il était proche des bruxellois, solidaire même en temps de rigueur budgétaire, inventif et ferment de démocratie et de citoyenneté.
Aujourd’hui nous fêtons un anniversaire mais nous sommes aussi au départ d’une nouvelle législature. C’est l’occasion de se présenter, moi-même c’est la première fois que je prends la parole devant vous en tant que Présidente de l’Assemblée. J’accueille des nouveaux députés qui auront ce soir l’occasion de vous rencontrer, les nouveaux membres du Bureau qui ont déjà travaillé avec une implication qui montre qu’ils seront un véritable moteur pour notre Assemblée, les chefs de groupes nouveaux ou reconduits, une nouvelle équipe gouvernementale, des nouveaux projets.
Je sais que c’est cela qui vous préoccupe ce soir, qui nous préoccupe tous, quelles seront nos nouvelles ambitions, nos projets porteurs d’avenir, et quels moyens surtout aurons-nous pour les réaliser ? Je vous dirai comment du point de vue de l’Assemblée nous voyons les cinq années qui viennent, à la fois difficiles et prometteuses, et le Ministre Président vous en tracera les grandes lignes du point de vue du gouvernement.
Mais avant de vous parler de l’avenir, un merci, un vrai, à mon prédécesseur Christos Doulkeridis. Christos a donné de la visibilité à l’institution, un nouveau nom aussi, et sous sa présidence et celle de Benoît Cerexhe au niveau du gouvernement les enjeux francophones bruxellois ont existé, tant dans leur dimension sociale que de citoyenneté et nous avons fait entendre notre voix durant les moments clefs que la Région et la Communauté française ont traversé ces 3 dernières années. Et puis Christos a un style inimitable, à la fois affable et direct, courtois tout en ne laissant jamais passer ce qui l’indigne, ne manquant pas d’humour ni d’à propos. Merci Christos.
L’avenir maintenant. L’avenir, c’est un défi social sans précédent, un vivre ensemble qu’il faut sans cesse réinventer, une société constamment en mouvement, l’inclusion des différences, qu’elles soient générationnelles, physiques et de handicap, culturelles ou sociales. L’avenir, c’est un contexte de crise économique et des efforts budgétaires que tous, à chaque niveau de pouvoir, nous devrons consentir. L’avenir, c’est aussi une croissance démographique qui selon le Bureau du Plan amènera notre population à s’accroître en 2020 de 170.000 personnes avec autant de défis sociaux à relever.
Nous n’avons pas besoin de nous faire peur.
Le contexte budgétaire, nous le connaissons. On sait que plus encore que pour les autres entités fédérées, la situation budgétaire de la Cocof est difficile. Mais nous savons aussi que trop de Bruxellois et de Bruxelloises sont confrontés à des difficultés de vie qui exigent que les politiques de cœur portées par la Cocof soient renforcées.
Je souhaite que notre Assemblée soit véritablement un lieu d’interrogation sur les problématiques sociales de notre Région, que le Parlement francophone bruxellois mette à son agenda politique les questions qui sont au coeur des défis sociaux de demain. A cet égard, je proposerai au Parlement et en particulier, aux chefs de groupe d’organiser nos travaux en fonction de thématiques plus ciblées, pour que notre Assemblée soit l’endroit où le lien social bruxellois est véritablement posé et débattu.
Non, nous n’avons pas besoin de nous faire peur. La rigueur budgétaire, les besoins criants pourtant revus à la baisse, les bouts de ficelle aussi, ceux qui sont ici ce soir les connaissent que trop bien.
Face à ce constat, à cette réalité budgétaire qui est la nôtre, je voudrais mettre en avant trois mots : la solidarité, les synergies et la gouvernance.
La solidarité est aussi budgétaire, mais elle n’est pas que budgétaire.
Elle s’exprime à travers des synergies toujours plus poussées entre les différents niveaux de compétences. L’interdépendance doit être une force, pas une faiblesse. Une politique économique et d’emploi sans investissement dans les crèches, cela n’a pas de sens ; une politique d’inclusion des personnes handicapées sans lien avec la politique du logement, cela n’a pas de sens, une politique de contrats de quartier sans cohésion sociale, cela n’a pas de sens. Cette synergie et cette solidarité sont reprises dans les trois déclarations de politiques régionales et communautaire et dans notre accord de majorité, dans les
mêmes termes, avec les mêmes mots, pour souligner notre volonté partagée. C’est un acquis fort.
Les Parlements n’ont pas été en reste dans cette volonté de synergies. Dès l’installation de nos Assemblées, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois et nous avons déjà pris des mesures très concrètes qui marquent cette volonté de travailler ensemble au niveau des Parlements. Je voudrais particulièrement saluer ici la présence de Jean-Charles Luperto et d’Emily Hoyos, les Présidents du Parlement de la Communauté française et du Parlement wallon. Par leur présence, ils font vivre la solidarité intra-francophone et ce sentiment me conforte dans la certitude que nous allons construire cette solidarité ensemble.
Et puis, travailler avec Jean-Charles et Emily, c’est aussi une façon différente de faire la politique, et ne fût-ce qu’au niveau de la façon où nous nous parlons, directement et sans détours et faux semblants – comme dans la vie – cela augure d’une collaboration qui ne s’arrêtera pas à des simples formalités.
Comme vous l’avez lu ou vu dans la presse, notre premier chantier a été celui de la gouvernance. Dès juillet, nous avons suspendu les indemnités et avantages divers et la semaine dernière, nous avons supprimé pour moitié les sur-rémunérations ou autres avantages.
C’est un signal fort – je ne dirai pas de courage parce que le courage n’est pas dans les sur-rémunérations – pour que la gouvernance soit telle que les citoyens l’imaginent. C’est aussi, et je trouve cela important, une manière de commencer par nous, les parlementaires, alors même que des efforts budgétaires sont demandés à tous. Mais nos synergies iront bien au-delà et tant au niveau du fond des dossiers que du fonctionnement de nos assemblées, il y a une réelle volonté de construire des collaborations, de combattre les pertes d’énergie, de moyens ou de lisibilité.
Mais si nous partageons un même espace francophone, nous partageons avant tout un même espace bruxellois, un espace de ville, traversé de différences qui sont autant de richesses, de défis communs.
Ici je voudrais saluer la présence de Françoise Dupuis, Présidente du Parlement Régional Bruxellois. Comme vous l’imaginez, Françoise Dupuis n’a pas attendu la rentrée parlementaire pour que nous nous
voyions sur les dossiers importants que nous avons en commun, et comme vous l’imaginez aussi, les réunions avec Françoise ne se résument pas à des simples politesses.
Elle connaît ses dossiers de A à Z, le projet d’ensemble comme la moindre virgule. Je me réjouis de travailler avec une telle démocrate, les synergies entre nos Assemblées y puiseront certainement un moteur de démocratie, d’efficacité et de valorisation d’un travail parlementaire de fond et au service du citoyen.
Voilà, Mesdames et Messieurs, il me reste à vous remercier, vous qui êtes les acteurs de terrain, qui animez notre institution, vous qui relayez chaque jour à travers vos associations les attentes de notre réalité bruxelloise, vous qui êtes quotidiennement sur le terrain et concrétisez par votre action ce que solidarité veut dire. La Cocof, c’est vous. Je remercierai aussi Monsieur le Greffier et toute l’équipe du Parlement francophone bruxellois pour l’accueil qu’ils nous ont réservé, à moi-même et aux membres du Bureau, et pour l’intelligence et l’enthousiasme qu’ils mettent à donner sa visibilité et son dynamisme à notre Assemblée.
Pour terminer, je saluerai le travail des élèves de l’Institut Emile Gryson du Ceria – un des fleurons de la Cocof. Sous la houlette de Madame Jongen, les élèves de 5ème et 6ème nous ont préparé un somptueux buffet sur le thème des produits locaux et je pense que leur savoir-faire combiné avec le charme de nos tous jeunes bruxellois qui se lancent ajoute beaucoup à la fête. Les bouquets ont été fait par les élèves de l’Institut Redouté Peiffer et j’espère que Madame la Directrice, Madame Gillent, leur transmettra nos remerciements.
Chers amis, bonne législature, bon travail, et que les 20 prochains années ressemblent aux Bruxellois que nous sommes ! Merci