24 septembre 2010 - Fête de la Communauté française - Discours de la présidente à l'occasion de la réception
Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,
Chers collègues et chers amis,
Il y a un an exactement, dans cette même salle, nous fêtions les 20 ans de la Cocof. Je pense vous avoir alors parlé d'audace, de la jeunesse alliée au sens des responsabilités, d'entrée dans l'âge adulte. L'avenir s'annonçait incertain comme pour tout jeune de 20 ans, sans beaucoup de revenus, mais les idées plein la tête. Un an après, la situation est devenue beaucoup plus complexe, mais cette complexité est aussi une opportunité pour se poser les vraies questions, pour redire ce qui nous importe et pourquoi les politiques menées sont pour nous si essentielles.
Nous vivons des temps incertains. Personne ne pense aujourd'hui qu'il n'y aura pas, à un moment, de changement institutionnel, à commencer par un transfert de compétences vers les entités fédérées. On sait que demain ne sera pas comme hier, mais ce que sera demain n'est pas encore écrit. Je parle d’incertitude et non de crainte car nous avons confiance en nous-mêmes, notre capacité à la fois de résistance et de créativité. La société change, elle change même très vite, et il faut écrire l'avenir avec des convictions d’avenir et non des regrets du passé. Ce qui me préoccupe et qui préoccupe chacun d'entre nous présent dans cette salle ce soir, c'est moins de savoir si tel outil ou institution sera retenue que de s’assurer du maintien des services aujourd'hui rendus par la Cocof pour rencontrer les défis du boom démographique et de la précarité présents dans notre Région. Le but d'une institution est de répondre aux besoins des citoyens. Notre institution existe, elle rend des services aux citoyens avec des moyens qui ne sont en aucune mesure proportionnels aux besoins. Demain, ces besoins nouveaux devront toujours être rencontrés et financés.
Notre rôle à nous, politiques, est notamment de veiller à ce que le résultat éventuel de discussions institutionnelles facilite, valorise, simplifie la vie des gens au quotidien. Plus encore qu'ailleurs, ici à la Commisison communautaire française, tout part de la personne et a pour objectif la personne : la personne en situation de handicap, le demandeur d'emploi à la recherche d'une formation professionnelle, l'artiste ou le malade, le parent. Partir de la personne pour imaginer le modèle qui soit à la fois le plus efficace et le plus humain. Les constructions institutionnelles ne peuvent jamais devenir un frein à leur égard mais au contraire un levier.
Je pense qu'il est bon qu'il y ait un débat d'idées sur cet avenir institutionnel. Ce qui ressort de toutes les prises de paroles, venant d'ailleurs de toutes les forces politiques, c'est à la fois la volonté d'être respecté et la volonté d'aller de l'avant. Aujourd'hui une chose est claire : nous revendiquons notre appartenance à la fois francophone et à la fois bruxelloise, elle est plurielle et solidaire et nous en sommes fiers.
La fierté au niveau de la Commission communautaire française, c'est le sentiment d'avoir parcouru du chemin depuis 21 ans, souvent long et ardu, dans un contexte budgétaire très difficile et avec le plus souvent recours à des bouts de ficelle. La fierté, c'est la conviction de ne jamais cesser dans ce lieu, de se battre pour les Bruxellois, quels qu'ils soient, alors même que le contexte budgétaire est difficile, alors même que la crise institutionnelle se focalise sur Bruxelles, alors même que l'explosion démographique constitue pour nous tous un des plus grands défis de demain, ici, nous n'avons cessé de pratiquer le dialogue, de porter des projets précis qui répondent aux attentes du terrain et surtout, au-delà de la somme des projets individuels, de construire ensemble un projet qui soit commun aux Bruxellois. Si la bonne gouvernance publique, c'est de sans cesse maintenir le fil du dialogue dans le respect de chacun, minorités incluses, si la bonne gouvernance publique, c'est de faire face à des défis sociaux qui dépassent nos capacités budgétaires, alors oui, nous pouvons être fiers!
La fierté n'est en aucun cas synonyme de repli sur soi, de nationalisme exacerbé, d'exaltation des identités. Ce serait d'ailleurs assez ridicule au niveau de la Cocof. En période d'incertitude, on ne parle jamais autant de la question de l'identité, qu'elle soit individuelle ou collective, qu'elle soit l'affirmation de sa spécificité comme la revendication de l'autonomie d'un groupe. Le danger de pousser plus loin cette logique, c'est le risque de tomber rapidement dans un manichéisme populiste, un sentiment de supériorité- il y aurait d'un côté les bons (auxquels on appartient) de l'autre, les mauvais, une affirmation exclusive de l’autre, un non respect des différences. Mais n'oublions pas qu'il n'y a d'identité que par rapport à une différence et que celle-ci sera toujours une richesse et jamais une infériorité. Je pense qu'à Bruxelles, nous pouvons mettre en avant une longue pratique de la tolérance et du respect de l'autre, non pas comme des principes universels abstraits, mais comme un vécu qui se décline au quotidien, même si c'est parfois avec des heurts.
La question qui se pose à nous aujourd'hui est celle de savoir si, au-delà de l'affirmation des identités, nous pouvons réaliser un dépassement des différences pour un projet commun qui soit plus que la somme de nos identités individuelles. Finalement, c'est bien là le fondement du projet européen, même si il est mis à mal aujourd'hui et la Présidence belge est peut-être le bon moment de le rappeler. Cette présidence, nous la mènerons aussi au niveau du Parlement francophone bruxellois avec une série d'initiatives axées sur la question du dialogue. La présidence, c'est aussi l'occasion de poser dans un cadre plus large les questions que nous nous posons aujourd'hui. Qu’entend-on réellement par le "juste retour"? Comment trouver le bon équilibre entre le désir d'autonomie et ce que l'on veut encore faire en commun? Pourquoi n'arrivons-nous pas à rendre nos institutions plus lisibles et proches de ceux pour qui elles sont conçues? Au cœur de ces questions, revient toujours de façon lancinante la question de la solidarité.
La solidarité, nous la connaissons bien. Grâce notamment à ce remarquable outil de solidarité interpersonnelle qu’est notre système fédéral de sécurité sociale, nombre de Bruxellois échappent à la précarité lorsque les frappent la maladie, le chômage ou la vieillesse ou lorsqu’ils ont à faire face aux coûts que représentent aussi leurs enfants. Cette solidarité nous la défendrons becs et ongles. La réalité bruxelloise et sa spécificité requièrent par ailleurs un financement fédéral structurel complémentaire vis-à-vis de Bruxelles et donc de la Cocof. La Cocof, à son échelle, c'est 357 millions d'euros qui font des miracles. Dans une enveloppe fermée et compte tenu de besoins gigantesques, nous arrivons à parer à l'essentiel. Mais ne nous leurrons pas. On craque de partout. Les besoins sont criants et ils vont croissants.
La solidarité intra-francophone quant à elle se constate au quotidien tout d’abord avec des mots et des écrits, et c'est déjà un fait tout nouveau. Bruxelles est mentionnée 164 fois dans la déclaration de politique régionale wallonne, c'est un signal fort, c'est la marque que nous sommes présents dans l'esprit des Wallons. Depuis, ce sont les budgets communautaires et régionaux qui ont été élaborés en cohérence, la solidarité wallonne s'est traduite par un apport financier. Cette solidarité, je ne peux que me réjouir de voir combien les wallons continuent à la défendre pour l’avenir. Quant à nous, nous continuerons à la défendre, pas à genoux, pas comme une aumône, mais parce que nous sommes convaincus de ce que nous nous apportons mutuellement. Notre apport, ce n'est pas seulement 20% du Produit intérieur Brut ou le plus grand bassin d'emploi du pays, c'est aussi un modèle de vivre-ensemble, un laboratoire sans cesse en construction d'un projet qui unit plutôt qu'un nationalisme qui divise.
L’axe Wallonie -Bruxelles est donc essentiel. Il doit se construire plus que jamais certes à partir de deux Régions aux compétences renforcées qui constitueront la base de notre futur État fédéral mais dans le cadre d’un espace d’appartenance francophone commun solide et d’une solidarité Wallonie –Bruxelles renforcée qu’il nous appartiendra de redessiner.
L’émergence du fait régional doit aller de pair avec le renforcement d’une gouvernance intra-francophone plus cohérente, lisible et simplifiée.
Bien sûr, ce soir nous représentons les francophones de Bruxelles.
Mais la solidarité s'adresse aussi aux flamands bruxellois qui composent la Région avec nous. Dans la droite ligne que nos prédécesseurs, Christos Doulkeridis et Jean-Luc Van Raes, avaient initiée, Carla de Jonghe et moi avons pérennisé des classes de dialogue où des jeunes bruxellois francophones et néerlandophones se parlent et nous avons également réuni pour la première fois les parlementaires de nos deux Assemblées. Ce dialogue reste un paramètre primordial dans notre fonctionnement même si, et alors même que la solidarité intra-francophone se trouve réaffirmée.
Pour conclure, je dirai merci aux représentants de toutes les associations présentes ce soir. Continuez à nous interpeller, à nous bousculer ! Vous êtes en première ligne pour constater les carences et les dysfonctionnements, mais aussi les expériences positives et les avancées concrètes. La Commission communautaire française, c’est d'abord vous, continuez à nous le faire savoir !
Pour conclure, je dirai merci aux représentants de toutes les associations présentes ce soir. Continuez à nous interpeller, à nous bousculer ! Vous êtes en première ligne pour constater les carences et les dysfonctionnements, mais aussi les expériences positives et les avancées concrètes. La Commission communautaire française, c’est d'abord vous, continuez à nous le faire savoir !
Je souhaite aussi remercier toute l’équipe du Parlement francophone bruxellois pour le travail quotidien qu'il fournit et qui permet de faire de notre Assemblée, une Assemblée efficace, réactive et flexible. Notre toute petite équipe fait un travail formidable et important, avec en plus enthousiasme et gentillesse, merci.
Je voudrais remercier aussi, au nom du Bureau, tous les collègues du Parlement. Notre travail fut important et enrichissant cette année. Vous me direz, il ne manquerait plus que ça !
Et enfin, je saluerai une fois de plus la qualité de la réalisation de deux fleurons de la Commission communautaire française. Tout d'abord, les bouquets qui ont été conçus par les élèves de l'Institut Redouté Peiffer. Ensuite, notre buffet élaboré par l’Institut Émile Gryson du Ceria. Sous la houlette de Madame Jongen, les élèves de 5ème et 6ème nous ont une fois de plus préparé un somptueux buffet sur le thème des produits belges et je pense que leur savoir-faire, combiné avec le charme de nos tous jeunes bruxellois qui se lancent, ajoute beaucoup à la fête.
Et enfin, je saluerai une fois de plus la qualité de la réalisation de deux fleurons de la Commission communautaire française. Tout d'abord, les bouquets qui ont été conçus par les élèves de l'Institut Redouté Peiffer. Ensuite, notre buffet élaboré par l’Institut Émile Gryson du Ceria. Sous la houlette de Madame Jongen, les élèves de 5ème et 6ème nous ont une fois de plus préparé un somptueux buffet sur le thème des produits belges et je pense que leur savoir-faire, combiné avec le charme de nos tous jeunes bruxellois qui se lancent, ajoute beaucoup à la fête.
Bonne soirée et bonne fête à tous !