Séance plénière du vendredi 19 novembre 2010
L'analphabétisme a singulièrement pris de l'ampleur en Région de Bruxelles-Capitale ces dernières années. L'arrivée massive (35.000 personnes) de migrants d'Afrique ou d'Asie nourrit spécifiquement ce phénomène. La Commission communautaire française subventionne la lutte contre l'analphabétisme comme aussi l'apprentissage du français pour ces nouveaux venus. Malheureusement, faute de statistiques un tant soit peu précises, il est difficile d'estimer à sa juste valeur le nombre d'analphabètes.
Fatoumata Sidibé (MR) a, sur cette base, interpellé Charles Picqué, ministre en charge de la Cohésion sociale, et Emir Kir, ministre en charge de l'Aide sociale, pour qu'ils détaillent les actions qu'ils ont entreprises dans la lutte contre l'analphabétisme.
Dans un ordre d'idées assez proche, Alain Maron (Ecolo) a interpellé les mêmes ministres à propos de l'apprentissage du français par les migrants "primo-arrivants". Alain Maron estime que Bruxelles doit assumer son destin de Ville-région fondamentalement multiculturelle à la suite de l'accueil de nombreux migrants venant d'autres continents. Une telle politique d'ouverture au reste du monde suppose également que l'on donne les moyens suffisants aux associations bénévoles susceptibles d'offrir des cours de français aux migrants "primo-arrivants".
D'autres sujets plus intimement liés au cadre familial ont également été abordés au cours de ces interpellations. La pédophilie notamment odieuse qu'est l'inceste a été développée par Dominique Braeckman (Ecolo) et Fatoumata Sidibé (MR). Elles ont souligné les insuffisances de notre législation. Ainsi, le délai de prescription de l'inceste n'est que de 10 ans, ce qui est peu pour des enfants abusés qui voudraient porter plainte et qui d'ailleurs vivent souvent très difficilement après les faits. La victime d'inceste évite généralement d'en parler parce qu'elle en éprouve la honte et se culpabilise. Pour aider les victimes, l'association SOS Inceste doit compter sur l'aide financière du public et du privé. Or, ce soutien diminue ces dernières années. La question est de savoir si la Commission communautaire française ne devrait pas accorder une aide à SOS Inceste sur la base notamment du décret organisant l'aide aux victimes de violences. Le ministre Emir Kir a répondu à ces interpellations.
Et de violences, il en a encore été question quand Fatoumata Sidibé (MR) a interpellé Emir Kir sur les mesures prises ou à prendre dans le cadre des violences conjugales, phénomène encore fort préoccupant. Le ministre a présenté les statistiques fournies par "Ecoute violences conjugales". Sujet connexe, les mariages forcés font l'objet d'une campagne de sensibilisation de la part de la Commission communautaire française, prolongée par la participation de cette dernière au projet EVRAS (Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle) en partenariat avec la Communauté française et la Région wallonne.
Les soins à domicile sont un sujet qu'Alain Hutchinson (PS) connaît bien. Aussi, est-il intervenu pour faire le point sur leur coordination et pour dénoncer son non-fonctionnement en Commission communautaire française. Le ministre Benoît Cerexhe, en charge de la Santé, a reconnu qu'en effet, malgré un subside de 25.000 €, ce service n'a pas encore réalisé ses missions.
De son côté, Jacques Morel (Ecolo) a interpellé le même Benoît Cerexhe, attirant son attention sur les inégalités en matière de santé liées aux conditions d'existence en rapport avec le niveau d'enseignement reçu. Pierre Migisha (cdH) s'est joint au débat illustrant ce postulat selon lequel "la pauvreté rend malade et la maladie rend pauvre". Le ministre Cerexhe a toutefois précisé que les données statistiques les plus récentes révèlent une amélioration de la santé des Bruxellois, tout en reconnaissant que les inégalités sociales aggravent l'état de santé de la population.